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Les whiskies du monde

Comme nous l’indiquions dans “Les différents types de whisky”, les pays celtiques n’ont plus le monopole de la fabrication du whisky.
Où donc en fabrique-t-on aussi ? C’est ce que nous allons découvrir. On observera qu’il s’agit la plupart du temps de productions récentes (souvent depuis les années 2000), ayant généralement pris naissance là où existait un savoir-faire lié, tantôt à la bière, tantôt à la distillation d’autres alcools, de fruits principalement.

Dans le reste du Royaume-Uni :

sans avoir la longue tradition de l’Écosse et de l’Irlande, les autre régions britanniques ne sont toutefois plus des déserts :

Au Pays de Galles

Toute distillation s’était arrêtée à la fin du XIXème siècle, vaincue par une prohibition à motivation religieuse. Il fallut attendre un siècle pour qu’ouvre à Penderyn une distillerie qui, après avoir d’abord sorti le Prince of Wales, conditionné en 50 cl et titrant 40°, propose à présent sous le nom Penderyn une intéressante gamme de single malts, en dépit de leur jeune âge.

Le Penderyn 41, vieilli, comme le Madeira, en fûts de Madère, est délicatement fruité. Le Sherry cask lui, a vieilli en fûts d’Oloroso. Il existe une version tourbée le Penderyn peated, et même des éditions (très) limitées : ainsi, le Penderyn Port Wood Edition, un single cask qui titre plus de 60°, mais dont on n’a produit que 207 bouteilles.

En Angleterre

Là encore, il s’agit d’une production récente puisque c’est fin 2006 que le premier spirit est sorti des alambics de la distillerie Saint-Georges, située à Roundham, dans le Norfolk.
De façon assez originale, les différents single malts portent tous le nom de chapitre (Chapter 5, 6, 7, etc…) comme pour écrire au fur et à mesure le grand livre de la distillerie. Il existe donc plusieurs versions : non tourbée (Chapter 6), tourbée de façon classique (Chapter 9) ou encore plus prononcée (“heavily peatedChapter 11, dont existe également une édition “cask strenght” titrant 59,7°), affinée en fûts de sherry (Chapter 10) ou de rhum (Chapter 7) ; ainsi que des séries plus limitées : un “Royal Wedding Commemorative Whisky” pour célébrer le mariage de Kate et William (et oui, ce sont des Anglais !) ou encore des éditions “private” dont une tourbée vieillie en fûts de Sauternes : compter 125 £, soit plus de 150 €.

Ailleurs en Europe :

En Belgique !

Quoi de plus logique qu’au pays de la bière, on ait songé à une autre utilisation de l’orge ?
A Raeren, au nord-est du royaume, dans la partie germanophone, la distillerie Radermacher produit un blend : le Lambertus.

A Grâce-Hollogne, dans la province de Liège, est né en 2007 le Belgian Owl. La particularité de cette “Owl distillery” est de proposer ses produits embouteillés à divers moments de leur évolution : un spirit (voir l’article : “un peu de technologie lié à la fabrication du whisky“) non vieilli, un autre en cours de vieillissement, le whisky proprement dit, un single malt donc, et même un whisky “brut de fût” titrant près de 70°. On reconnaît bien là l’inventivité de nos cousins d’outre-Quiévrain.
Depuis 2013, la brasserie Het Anker (l’ancre), située à Malines, a eu la bonne idée d’utiliser le brassin de sa fameuse bière, la Gouden Carolus, pour donner naissance à un single malt, baptisé lui aussi du nom Gouden Carolus (46°), que l’on dit fin avec un goût riche et équilibré, développant des touches de vanille. On nous annonce par ailleurs une version tourbée !

Aux Pays-Bas

Le pays des tulipes a depuis longtemps une solide tradition en matière de brasserie et de distillerie, notamment avec le Genièvre. Il n’est donc pas surprenant que des distillateurs y aient songé à fabriquer du whisky. C’est le cas de la famille Zuidam, qui, forte de 50 ans d’expérience, produit le Millstone, Dutch Single Malt Whisky à Baarle-Nassau, près de la frontière belge. L’orge est ici brassée grâce à l’énergie des moulins à vent ! La gamme n’est pas pléthorique, mais néanmoins variée : en plus du single malt de base, deux versions de huit ans d’âge, vieillies respectivement dans des fûts de chêne français et américains, une tourbée, et même un “Dutch Rye Whisky” de seigle.

Dans les alpages :

En Allemagne

Encore un pays de bière ! Et qui plus est, c’est en Bavière, à Schliersee, près du lac du même nom, donc à l’extrémité sud du pays, qu’a vu le jour en 1999 la distillerie Slyrs (du nom de l’ancien vocable, qui allait plus tard devenir Schlier, puis Schliersee avec le lac). Ici, les Bavarois mettent autant de soin à concevoir leur single malt qu’ils le font traditionnellement pour leur bière. On connaît leurs lois concernant la pureté de l’eau qui doit être utilisée, elle pourrait s’appliquer ici aussi : c’est d’une source de montagne voisine qu’elle provient. Le whisky est affiné dans des fûts neufs de chêne blanc américain. En dehors du Slyrs “de base“, il existe deux versions “cask strenght“, la première titrant jusqu’à 56°, l’autre (53,8°) étant une édition limitée (moins de 1400 bouteilles), mise en vente à chaque fin d’année, et qui répond au nom évocateur de “Raritas diaboli”; le prix (moins de 70 €) n’étant malgré tout pas si prohibitif pour une édition rare.

En Autriche

A 20 km à l’ouest de Linz, la maison Reisetbauer, spécialisée depuis longtemps dans la distillation de fruits, et productrice, entre autres, d’un fameux schnaps, propose depuis un peu plus d’une quinzaine d’années son single malt, vieilli dans des fûts ayant contenu les vins locaux. Il existe trois versions : un sept ans d’âge titrant 43°, une édition 1998 à 56°, tous deux dominés par des notes de noisette et d’herbes séchées, et enfin un douze ans plus sucré, titrant pour sa part 48°.

En Suisse

C’est à Ardon, à une vingtaine de kilomètres au sud-est du Lac Léman, qu’Alexandre Delaloye a commencé à produire un single malt vieilli en fûts de Meursault, qui répond au nom de SWHISKY Grand Cru Meursault finish. Là encore, il s’agit d’une initiative relativement récente. Il faut dire que, jusqu’en 2001, la Confédération Helvétique interdisait toute distillation d’alcool de grain, et n’a abandonné cette disposition que pour se conformer aux accord du GATT, comme quoi la mondialisation n’a pas que des effets négatifs. Malheureusement, nous n’avons pas été en mesure de nous en procurer.

Là où l’on ne s’attend pas à en trouver :

En République tchèque

Ou comment l’art de la distillation rencontre l’histoire. C’est près de Plzen (ou Pilsen, encore un pays de bière), dans ce qui était encore alors la Tchécoslovaquie, que la distillerie Pradlo se met un jour à élaborer un single malt à partir de l’orge locale, avec vieillissement dans des fûts 100% tchèques eux aussi. Surviennent alors les évènements qui vont changer le monde, avec en 1989 la chute du mur de Berlin et l’arrivée de la démocratie en Europe de l’est. A la distillerie comme ailleurs, beaucoup de choses changent, notamment la direction et le personnel, et les fûts sont tout simplement…oubliés. On ne les retrouvera qu’assez récemment. Arrivent alors sur le marché deux single malts, du nom de Hammer head, tous deux estampillés “1989” et titrant 40,7°, le 23 ans sorti en 2012. Attention, il n’existe en tout et pour tout que 80 000 bouteilles.

En Suède

Dans la région du Gastrikland (qui n’est pas le pays de l’estomac), près de Valbo, non loin du golfe de Botnie, se trouve la distillerie de Mackmyra, ouverte en 1999, et qui est sans doute la plus septentrionale de la planète. Elle propose une palette variée : le Mackmyra Bruks whisky constituant le produit de base ; le Special 04 vieilli en fûts de chênes suédois, mais aussi de bourbon et de sherry, titrant 53°, le Special 05, Happy hunting, (47,2°) ayant lui subi sa maturation dans des fûts ayant contenu des alcools suédois traditionnels de fruits (myrtilles, airelles), le Reserve grimpant jusqu’à 53,8°, et d’autres encore, tous ayant une personnalité propre.

Ailleurs dans le monde :

Dans les pays anglo-saxons :

En Australie

Plus précisément en Tasmanie, où se trouvent les deux distilleries du pays, produisant : pour l’une le Great Outback (outback désignant là-bas les régions arides et fort peu peuplées qui constituent l’essentiel du pays). Vieilli dans des fûts de chêne américains ayant contenu le brandy local, il remporte un certain succès en Asie et dans l’hémisphère sud. En Europe, où l’on arrive malgré tout à s’en procurer, il ne fait pas l’unanimité ; l’autre le Hellyer Road, semble rencontrer davantage de faveurs. Il s’agit d’un single malt produit à partit d’orge cultivée sur place, vieilli en fûts de chêne blanc américain. Embouteillé à six ans au volume de 42,2°, l’Original développe des arômes d’agrumes et de céréales. Dans la version légèrement tourbée (“slighly peated”), le boisé prédomine.

En Nouvelle-Zélande

Au sud du pays, la Southern Distilleries Limited produit le Old Hokonui, un pure malt (blended malt ou vetted malt) titrant 40° et dont la bouche est très fruitée. Plus intéressant est le single malt vieilli dix ans en fûts de chêne, proposé par la distillerie Wilson, située à Dunedin. Jusqu’en 1995 existait une version brut de fût et titrant 50,8°, commercialisée sous le nom de Lammerlaw. Depuis, si le vieillissement est resté le même, c’est une édition plus traditionnelle qui est commercialisée sous le nom de Milford (43°).

En Afrique du Sud

C’est à Wellington, près des collines de Bain qu’est installée la James Sedgwick Distillery, du nom d’un ancien capitaine de clipper reconverti dans la manufacture de liqueurs et de tabac. Elle produit un blend, un single malt, et un single grain, le Bain’s Cape Mountain whisky, vieilli cinq ans en fûts de Bourbon.

Aux États-Unis, au Canada

Voir le whiskey américain dans l’article : “les différents types de whisky”.

Dans le reste du monde :

En Inde !

D’un point de vue climatique, cela peut paraître surprenant. Toutefois, comme chacun sait, l’Inde est une ancienne possession britannique. Tous les héritages “coloniaux” ne sont pas forcément à jeter. Ainsi, dans l’état de Bangalore, la distillerie Amrut produit sous ce nom un single malt vieilli en fûts de Bourbon et confectionné avec l’eau provenant de l’Himalaya. Plusieurs versions existent, trois à 46°, dont l’une tourbée, ainsi qu’une cuvée Fusion titrant 50°, une Sherry à 57°, et deux versions Cask Strenght à près de 62° (62,8 pour la tourbée).

En Chine

Ou, plus exactement, à Taïwan.
Tirant son nom d’une ancienne tribu locale, la distillerie Kavalan, fondée seulement en 2006, mais animée d’une politique industrielle volontariste, produit depuis quelques années des single malts vieillis dans différents types de fûts, obtenant ainsi des « single casks » qui emportent les suffrages des amateurs (bourbon, sherry, brandy, etc…)
La version standard, le Kavalan single malt, titrant 40°, se trouve désormais dans la grande distribution, à un peu plus de 50 €. Au même prix, on pourra aussi s’offrir le Concertmaster,  assemblage de différents millésimes vieillis tout d’abord en fûts de chêne américain, et ensuite en fûts de porto.

Et ailleurs !

La vérité nous oblige à dire que le tour du monde des vrais whiskies s’est arrêté au paragraphe précédent. Toutefois, notre probité intellectuelle nous impose aussi de mentionner que l’on fabrique également un single malt en Turquie, répondant au nom d’Ankara (“malt viski” produit depuis les années soixante – et oui ! – par la distillerie Tekel), qui ne laisse généralement pas de souvenir impérissable à ceux qui ont pu en boire et que, dans des contrées pour le moins exotiques (dont certaines dont nous avons déjà parlé à propos de single malts), on assemble les blends suivants : (par ordre alphabétique des pays producteurs):
en Afrique du Sud le Two Keys ; en Allemagne le Racke Rauchzart et le Schwäbischer ; à Chypre, le Old Oak ; en Egypte, l’Auld Stag ; en Espagne : à Cadix le Doble-V, et à Ségovie le DYC ; en Inde, le Gold Crown ; au Népal, le Mount Everest ; en République tchèque le Printer’s ; en Syrie, le Sham ; en Tanzanie, le Regency ; en Thaïlande, le Singharaj et le Thaï.
Enfin, revenons pour terminer au Royaume-Uni, plus précisément dans l’île de Man, avec une vraie curiosité : un whisky (de malt et de grain) redistillé après le vieillissement : le Manx.

Mais où sont-ils ?

Un lecteur attentif l’aura remarqué : il y a deux pays dont nous n’avons pas parlé. Le premier et dans lequel pourtant, la production de whisky, quoique souvent méconnue, est non seulement foisonnante, mais originale, variée, et souvent de grande qualité, c’est la France ! Notre production nationale fait l’objet d’un article dédié : les whiskies français. Et l’autre pays qui propose une histoire toute particulière en matière de whisky c’est le Japon qui fait lui aussi l’objet d’une page dédiée au whisky japonais.

View Comments (4)

  • Bonjour Hervé,

    Les whiskies japonais étant particulièrement savoureux et reconnus comme tels, ils font l'objet d'une catégorie dédiée tout comme les écossais et les français. Vous retrouvez le lien vers la page qui leur est consacrée sur le menu de navigation sur votre droite.

    Cordialement,